La réalité des écoles Waldorf en Amérique latine est aussi variée que le continent lui-même. Un groupe d'enseignants d'Argentine s'est posé des questions lors du « XV. Congrès ibéro-américain » s'est demandé quels défis ils devaient relever après plus de 70 ans de travail pédagogique pour continuer à apprendre et à enseigner. Une contribution de Paula Edelstein.
En tant que collectif d'enseignants, nous savons que la tâche pédagogique qui se déroule dans une école a des fondements théoriques, des qualités contextuelles et des projections dans l'avenir. En nous basant sur l'anthroposophie, nous nous efforçons de développer une vision. Celle-ci nous permet de nous situer dans la diversité culturelle de notre continent américain et de son présent. Nous voulons le faire comme une expérience de formation et de recherche active.
Après trois années d'intenses activités de formation interdisciplinaires sur les questions de dignité humaine, d'identité et d'appartenance, nous avons organisé en octobre 2023 la 5e Conférence pédagogique et le 3e Colloque international « Interculturalité et curriculum » afin d'ouvrir nos pratiques pédagogiques à ces réflexions.
Lors de cette rencontre, nous avons discuté des éducateurs, des enseignants et des futurs enseignants qui travaillent dans des réalités différentes et qui sont représentatifs de la complexité et de la richesse de l'Amérique du Sud.
La recherche collaborative en action
Dans un premier temps, nous avons décidé de mener une recherche exploratoire dont la question centrale est la suivante : Dans quelle mesure l'appartenance territoriale et les qualités de la population avec laquelle nous travaillons sont-elles prises en compte par les enseignants ainsi que par les écoles Waldorf dans le développement de l'offre pédagogique ?
Compte tenu de l'importance du cheminement intérieur de l'enseignant, des processus d'auto-éducation ainsi que de la « liberté de penser » promue par l'anthroposophie, nous affirmons que chaque enseignant porte en lui la possibilité d'assumer le rôle de chercheur actif de son environnement.
De la même manière, le cycle d'enseignement favorise les perspectives individuelles et permet de parcourir ce chemin intérieur en compagnie de collègues qui, de manière réciproque, participent et collaborent à son approfondissement. La méthodologie de recherche se base sur ce travail personnel et ce travail commun. Nous la définissons comme une recherche collaborative en action, développée dans différentes langues en plus de la parole.
L'atelier « Que voulons-nous être ? Elargir le regard et créer un espace pour l'interculturalité » a été organisé lors du »XV. Congrès ibéro-américain » à Santiago du Chili, en juillet 2024, a constitué une nouvelle étape importante dans ce processus.
Le travail comme une rencontre vivante et pluraliste
Nous y avons entrepris un voyage collectif lors de cinq rencontres avec 26 collègues de six pays d'Amérique latine. Nous avons mêlé discussions et travaux textiles (voir photos) et nous nous sommes interrogés sur la place de nos propres racines et leur importance dans le travail éducatif. Nous avons ouvert notre regard sur notre environnement et avons également apporté les histoires qui accompagnent nos biographies. Ce fut une expérience merveilleuse qui confirme l'importance de construire un réseau de recherche vivant entre collègues.
Notre objectif est de documenter les expériences, d'échanger des approches et des propositions. De même, il est important pour nous de développer une méthodologie qui nous permette de faire de notre travail quotidien une rencontre vivante et pluraliste, nourrie de toutes les voix, histoires et connaissances des personnes qui peuplent notre continent.
Paula Edelstein, Colectivo Colibrí